Déserts d’Amour de Dominique Bagouet en clôture du festival Montpellier Danse 43

Déserts d’Amour est une pièce emblématique, voire manifeste. Elle a été entièrement pensée et écrite sur les pages du carnet de travail de Dominique Bagouet – gestes, mouvements d’ensemble, distribution, musique – avant de rentrer en répétitions. Dominique Bagouet écrivait, lors de la création de la pièce en 1984 : “La musique d’abord, première inspiratrice de ce nouveau spectacle.” Que serait, en effet, Déserts d’Amour sans Tristan Murail, dont le nom reste fermement attaché à celui de Dominique Bagouet ?

œ, À bras-le-corps, et Mike – Festival Montpellier Danse

Le festival se termine, entre reprises et créations, avec « œ » de Pierre Ponvianne, A Bras-le-corps de Boris Charmatz & Dimitri Chamblas, et Mike de Dana Michel. La question de la reprise, qui a marqué cette 43ème édition, se conclut, lors de la conférence-bilan donnée par Jean-Paul Montanari, par une ode à la création.

ALGERIA ALEGRIA, Palermo Palermo, et les Majorettes – Montpellier Danse

Le festival bat son plein, on a pu voir « ALGERIA ALEGRIA » de David Wampach dans la salle du Hangar, les Major’s Girls des « Majorettes » de Mickaël Phelippeau au Théâtre de l’Agora, et Palermo Palermo de Pina Bausch au Corum. Trois propositions qui soulignent l’ancrage territorial qui préside à la naissance du geste dansé.

Rive, Dalila Belaza – Montpellier Danse

On ne saurait embrasser l’image évanescente qui naît dans le noir profond d’un espace mental, avec ce qu’il y a d’inquiétudes, de musiques tournoyantes aux contours des parois de la boîte crânienne, de phrases qui se répètent, de vagabondages et d’obsessions. Et il est un fait, c’est qu’on ne saurait, non plus, en sortir… de là l’hypnose…

10000 Gestes de Boris Charmatz en One Shot au Corum – Opéra Berlioz / Montpellier Danse

Nous assistons à un océan de gesticulations, comme si le fleuve du temps, celui-là même dans lequel on ne se baigne jamais deux fois, emportait les corps dans son courant et dans la mémoire. On voit l’agitation des corps, on voit le courant qui les unit dans son flot, on voit l’immobilité dans laquelle le fleuve fait son lit. Le Requiem sonne de plus en plus distinctement, à la manière d’un orage qui approche comme un fait, sans menace. Le bras du fleuve enjambe la rampe, passe par la salle et par dessus nos têtes, enfle jusqu’au balcon et rejoint le plateau. Retour sur scène : Introitus (Introït) – Requiem æternam… On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve : un seul geste, une seule date !

Black Lights de Mathilde Monnier – Montpellier Danse

Les Black lights éclairent le monde en contre-champs, en négatif, et pointe son faisceau vers le seuil que franchit la honte lorsqu’elle change de camp, libérant la parole sur son passage. Black Lignts est faite “pour continuer à poursuivre ce formidable coup de poing qui nous fait comprendre ces injustices” dira Mathilde Monnier, car “la militance est le seul moyen d’éviter l’injuste sentiment de honte…” dira Jean-Paul Montanari, plus tard dans la soirée.

Début de Montpellier Danse 43 et Prophétique (on est né.es) de Nadia Beugré

Le corps noir de la femme trans est d’emblée politique, sa revendication à être le place dans ce que Deleuze appelait le “Devenir Mineur”, déboulonnant les images institutionnalisées des corps genrés, déstabilisant les certitudes pré-visibles et pré-jugeantes qui étouffent nos existences.

Israel Galván, La Consagración De La Primavera – Montpellier Danse

Le Sacre du printemps se structure autour du толчок (toltshock) qu’il faudrait traduire par “choc”, “secousse”, mais également par “poussée”, “impulsion”. Ce célèbre accord толчок sera répété plus de deux cents fois dans la partition du Sacre. Dans une poussée quasi volcanique, les accents, irréguliers, semblent éructer au hasard. Le corps-percussion d’Israel Galván, de zapateado en zapateado, sur gravier, tambour, bois, génère, pour notre œil, une inépuisable poussée dans le désir de voir.

Encantado de Lia Rodrigues – Montpellier Danse / Théâtre de la Vignette

Le processus d’individuation ne renonce jamais à l’harmonie corps/environnement, bien au contraire, l’individu émane du paysage sans jamais s’en séparer. C’est dans le jeu, aux deux sens du terme, de cette relation qu’adviennent les Encantados.

Umwelt de Maguy Marin au théâtre des 13 vents – CDN de Montpellier,

« Nous en sommes là.
A jouer du possible sans le réaliser.
A aller jusqu’à l’épuisement des possibilités.
Un épuisement qui renonce à tout ordre de préférence et à toute organisation de but ou de
signification. »
A considérer les quelques lignes de la feuille de salle, on voit poindre les lectures de lectures qui ont présidées à la pièce Umwelt : on reconnait clairement Deleuze lisant Beckett après avoir lu Spinoza, dans son texte intitulé L’Epuisé.