Les Black lights éclairent le monde en contre-champs, en négatif, et pointe son faisceau vers le seuil que franchit la honte lorsqu’elle change de camp, libérant la parole sur son passage. Black Lignts est faite “pour continuer à poursuivre ce formidable coup de poing qui nous fait comprendre ces injustices” dira Mathilde Monnier, car “la militance est le seul moyen d’éviter l’injuste sentiment de honte…” dira Jean-Paul Montanari, plus tard dans la soirée.
Archives de l’auteur : Marie Reverdy
Début de Montpellier Danse 43 et Prophétique (on est né.es) de Nadia Beugré
Le corps noir de la femme trans est d’emblée politique, sa revendication à être le place dans ce que Deleuze appelait le “Devenir Mineur”, déboulonnant les images institutionnalisées des corps genrés, déstabilisant les certitudes pré-visibles et pré-jugeantes qui étouffent nos existences.
Der Wij de Kirill Serebrennikov, d’après Nikolaï Gogol
De même, dans la mise en scène de Kirill Serebrennikov, les visages restent éteints pendant la majeure partie de la pièce, celui du soldat russe n’apparaîtra que dans le monologue final. Ce visage, que Lévinas décrit comme une misère, une vulnérabilité et un dénuement qui exige réponse : “Le visage s’impose à moi sans que je puisse cesser d’être responsable de sa misère.” Ce visage, qui me dit que je dois répondre de tous les autres. Ce visage, qui est l’horizon de la morale. Ce visage, qu’il suffit de ne pas regarder pour qu’il soit aisé d’appuyer sur la gâchette…
Comment Dire..? Eva Doumbia
Comment dire..? est une émission créée en partenariat avec le département des Etudes Théâtrales de l’Université Paul Valéry Montpellier 3 et FMplus. L’émission suit le séminaire Ecritures et scènes décoloniales, organisé par Pénélope Dechaufour, qui s’est tenu à La Baignoire, lieu dédié aux écritures en travail. Cette première émission est consacrée à Eva Doumbia.
Oasis de la Impunidad de Marco Layera – “au moins, ici, la cruauté est feinte”
Tout est fait de prestidigitation, et pourtant, tout fonctionne à plein régime. Une mutilation, une œuvre, une torture, un barbecue, etc. Chaque tableau creuse la question de la monstruosité. On y reconnaît du Bacon, du Brueghel, du cabinet de curiosité, de la descente de croix, des planches anatomiques, des écorchés, de la viande, du Vésale, des cris, des pleurs, un enterrement, etc. C’est là le portrait kaléïdoscopique du monde… Un monde grossier, cruel, pornographique, effroyablement grotesque, cynique : un broyeur infernal.
Esthétique de la Résistance – Peter Weiss et Sylvain Creuzevault
Nous parcourons l’Europe, l’interconnexion de ses villes, de ses langues, l’histoire politique, l’histoire du théâtre,l’histoire littéraire et l’histoire de l’art. L’adaptation de Sylvain Creuzevault ne transige ni avec la précision du détail ni avec la clarté du propos. Que cette partie de notre Histoire nous soit familière ou non, nous comprenons parfaitement les enjeux des situations qui se déploient sous nos yeux. Nous parcourons l’Europe selon un circuit politique, avec les exilés et les résistants. Tout comme ielles, on voudrait que le geste soit beau, que la révolution permanente advienne, que l’état ouvrier soit la preuve que toute cette lutte avait du sens…
Ubu d’après Jarry – Bob Wilson au Printemps des Comédiens
Il y a des noms qui ouvrent des pans entiers de références et d’attente. Bob Wilson en fait partie. Pour cette pièce, on sait qu’on a Bob Wilson, Jarry, Ubu, Miró, un cyclo en fond de scène et un podium.
Julien Gosselin, Extinction. D’après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler.
Julien Gosselin joue avec les mythes de l’Europe : il y a comme une nostalgie des apparences, des salons, des discussions littéraires, de la vitalité culturelle de la Vienne de ce début de XXème siècle. Et il y a cet arrière-goût d’apocalypse qui approche, de catastrophe imminente, d’empire déchu et de décadence. Il flotte dans l’air comme un relent du marquis de Sade. La lucidité des protagonistes réveille leur pulsion de mort, leur cruauté. Ielles portent, en ielles, les ferments de la destruction : la catastrophe est endogène. Il y a les costumes, les coiffes, l’argenterie. Il y a la classe bourgeoise et cultivée, il y a Freud, Mahler, Schönberg, l’alcool et la sexualité. Il y a quelque chose qui vomit, éjacule, pleure, parle, chie, saigne, déborde. Et des restes de ces excès, on s’en essuie le gland ou le coin de la bouche dans un joli mouchoir de soie. Il y a le fiel et la dentelle, le satin et le sang, l’odeur de la putréfaction sous la dorure des masques.
Comment Dire..? Hakim Bah
Comment dire..? est une émission créée en partenariat avec le département des Etudes Théâtrales de l’Université Paul Valéry Montpellier 3 et FMplus. L’émission suit le séminaire Ecritures et scènes décoloniales, organisé par Pénélope Dechaufour, qui s’est tenu à La Baignoire, lieu dédié aux écritures en travail. Cette deuxième émission est consacrée à Hakim Bah.
Un Hamlet de moins – Nathalie Garraud et Olivier Saccomano
Dans “Un Manifeste de moins” qui accompagne la publication de l’adaptation de Richard III de Shakespeare par Carmelo Bene, Gilles Deleuze évoque le littérature mineure, concept qu’il avait développé, avec Félix Guattari, à partir de la littérature de Kafka.
Minorer Hamlet, c’est poursuivre la quête de la perte de sens, jusqu’à l’errance de la langue , de répétitions en répétitions ; l’errance des corps coincés à la limite du monde ; l’errance du monde lui-même, qui s’émiette de scroll en scroll.
