Montpellier Danse propose, pour cette 42ème édition, de rencontrer en profondeur le travail de Nacera Belaza : 3 pièces seront présentées en studio, une pièce participative sera présentée dans les rues de Montpellier, et deux courts-métrages seront diffusés à la salle Béjart : “Le Cri” réalisé par Béatrice Vernhes, et “L’Envol” réalisé par Vincent Moon à partir de la création éponyme de Nacera Belaza. “L’Envol”, a été présentée les 28 et 29 juin au studio Bagouet.

L’envol
L’envol prend son point de départ dans le corps en état de chute. Inspirée de son expérience d’interprète, Nacera Belaza explique “j’étais fascinée par l’absence de résistance, par la liberté que la sensation de chute procure au corps et à l’esprit, par la possibilité d’abolir la peur en accueillant ce que l’on redoute le plus”. Elle découvre ensuite la photographie intitulée “L’Homme qui tombe” prise par le photographe d’Associated Press Richard Drew lors des attentats du 11 septembre 2001 à New York. Nacera Belaza voit dans cette image un entrelac de courants contradictoires, entre la violence de cette mort inévitable et le calme qui semble habiter ce corps en chute vertigineuse : “il ne résiste pas, ne se débat pas. Il semble ne plus craindre le choc imminent” explique-t’elle. Elle cherche alors une écriture qui maintiendrait le corps en état de chute.
L’apesanteur
La scène restera longtemps plongée dans la pénombre, jouant de la structure même de notre rétine. Le corps presque immobile de Nacera Belaza se devine surtout par son ombre portée ; un corps végétal, tiraillé entre la racine des pieds et l’appel de la lumière située en hauteur. Nous peinons à voir, alors nous projetons, nous nous fions à l’ombre, comme dans la caverne de Platon. L’ombre disparaît, nous nous habituons peu à peu à l’obscurité. La musique est continue, comme le bruit d’onde de la lumière captée dans l’espace par la sonde du téléscope Kepler (lecteur audio d’extraits de la sonde Kepler en fin d’article). Une musique sans silence évoquant le silence, une lumière discrète soulignant le noir qu’elle perturbe.
Le corps de Nacera Balaza commence à tournoyer, évoquant l’ivresse et les derviches tourneurs, le vent léger et le mouvement cyclonique, la brise et la tempête. Elle disparaît, nous laissant face au vide. On finit alors par sentir, bordant la lumière, la présence de deux corps… Traversant le plateau, tournoyants comme emportés, frôlant le déséquilibre sans chercher à s’en défendre, se multipliant, 2, puis 3, se succédant, s’intervertissant, 3, puis 1… Malgré la pénombre rendant leur visage indistinct, on finit par les reconnaître : 3 silhouettes, 3 qualités de corps et de présence, 3 façons singulières d’organiser les pas…
Semblant venir des confins de l’espace, quelques sons semblent venir, à présent, des confins de la mémoire… Quelques derboukas, quelques youyous, noyés dans le bourdonnement du vide.
Le moment des saluts arrivent, le silence bourdonne encore, ils étaient 4…
L’actuel son n’est pas issu du spectacle mais de la sonde intégrée au téléscope Kepler – Nasa
Marie Reverdy
L’envol – Montpellier Danse 42 https://www.montpellierdanse.com/spectacle/lenvol
Chorégraphie, conception son et lumière : Nacera Belaza
Avec : Nacera Belaza, Aurélie Berland, Imani Butler, Paulin Banc, Mohamed Ech Charquaouy
Régie générale : Christophe Renaud, Melchior Delaunay
Production : Compagnie Nacera Belaza
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2022, MC93 – Maison de la Culture de Seine Saint-Denis, deSingel, Festival d’Automne à Paris, Campus International des Arts, Points communs, nouvelle scène nationale de Cergy / Val d’Oise, Theater Freiburg, dans le cadre de l’accueil studio : CCN Ballet de Lorraine – accueil studio 2021/2022, CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble, CNDC – Angers dans le cadre des accueils studios, Fonds Transfabrik – Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant Avec le soutien de King’s Fountain ; Villa Albertine
Avec le soutien de la Région Ile-de-France, dans le cadre du dispositif d’aide à la création et du Ministère de la Culture et de la Communication DRAC – Ile-de-France au titre de compagnie conventionnée.
Pour travailler à la création de ce spectacle, Nacera Belaza a été accueillie en résidence à l’Agora, cité internationale de la danse avec le soutien de la Fondation BNP Paribas