Musée Duras de Julien Gosselin au Printemps des Comédiens

Le Musée n’est pas seulement un lieu d’exposition, il est aussi un lieu de collection. Dans leur diversité d’époque, de forme, de genre, quelques détails qui auraient pu passer inaperçus se font motifs. Visiter Marguerite Duras aux côtés de Julien Gosselin, c’est bénéficier d’un éclairage, l’occasion de se dire que nous ne l’avions peut-être pas si bien lue, que nous devrions la relire, que nous n’avions pas mesuré ce qui était en germe dans certains textes, en queues de comète dans d’autres.

Julien Gosselin, Extinction. D’après Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler.

Julien Gosselin joue avec les mythes de l’Europe : il y a comme une nostalgie des apparences, des salons, des discussions littéraires, de la vitalité culturelle de la Vienne de ce début de XXème siècle. Et il y a cet arrière-goût d’apocalypse qui approche, de catastrophe imminente, d’empire déchu et de décadence. Il flotte dans l’air comme un relent du marquis de Sade. La lucidité des protagonistes réveille leur pulsion de mort, leur cruauté. Ielles portent, en ielles, les ferments de la destruction : la catastrophe est endogène. Il y a les costumes, les coiffes, l’argenterie. Il y a la classe bourgeoise et cultivée, il y a Freud, Mahler, Schönberg, l’alcool et la sexualité. Il y a quelque chose qui vomit, éjacule, pleure, parle, chie, saigne, déborde. Et des restes de ces excès, on s’en essuie le gland ou le coin de la bouche dans un joli mouchoir de soie. Il y a le fiel et la dentelle, le satin et le sang, l’odeur de la putréfaction sous la dorure des masques.