Comment dire..? est une émission radiophonique créée en partenariat avec le département Théâtre / spectacle vivant de l’Université Paul Valéry Montpellier 3 et la radio FMplus. Cette émission#4 est dédiée à la Conférence Dansée autour de la musique spectrale de Tristan Murail dans “Déserts D’amour” de Dominique Bagouet, qui s’est tenue le 24 juin au Studio Cunningham. La conférence a été présentée par Mikaël Le Padan, directeur adjoint et directeur des études du CRR de Montpellier, Jean-Pierre Alvarez, professeur de danse contemporaine, et les élèves de 3ème cycle contemporain du pôle danse de la Cité des Arts, Montpellier Méditerranée Métropole.
L’émission a été enregistrée dans la cour de l’Agora avec Manon et Anouk, étudiantes en danse au Conservatoire – Cité des Arts de Montpellier. Nous y parlerons de l’effet que cela fait de danser du Bagouet et du processus de leur apprentissage de cette chorégraphie en tant que danseuses.
Regards croisés sur l’écriture singulière du chorégraphe Dominique Bagouet et les nouveaux territoires sonores du compositeur Tristan Murail.
Avec Manon Linares et Anouk Minier, étudiantes en danse au CRR de Montpellier et la voix de Dominique Bagouet.
Le montage est réalisé par Marie Reverdy
Les musiques ont été choisi par Dominique Bagouet pour sa pièce Désert d’Amour :
Tristan Murail, Treize couleurs du soleil couchant – Ensemble intercontemporain
Tristan Murail « C’est un jardin secret… » (Pour alto seul – 1976) 1980 Sappho
Tristan Murail « Ethers » (Pour flûte et 5 instruments – 1978) 1980 Sappho
Manon Linares a commencé la danse classique à l’âge de 4 ans au conservatoire de Béziers ainsi qu’au Jeune Ballet pendant plusieurs années. A l’âge de 19 ans, elle décide de rejoindre le conservatoire régional de Montpellier et se réoriente en danse contemporaine, un nouvel univers qui la passionne et à l’intérieur duquel elle espère pouvoir mener une carrière d’interprète.
Anouk Minier a 17 ans et est en section 2tmd au lycée Clemenceau ainsi qu’élève en cycle spécialisé de danse contemporaine au conservatoire de Montpellier. Elle a commencé la
danse lorsqu’elle avait sept ans, par du hip-hop, et s’est très rapidement intéressée à la danse contemporaine. Elle a intégré le conservatoire à ses 9 ans.
Déserts D’amour – 1984
Costumes lointainement baroques, couleur glacier, longues plages de silence, scène nue, les corps s’incurvent finement, dessinant des hiéroglyphes énigmatiques dans un espace aux géométries impeccables. Imperturbables, concentrés, les danseurs semblent s’être absentés de tout, sauf de leur geste.
Tout comme le charme des musiques de Mozart rend plus grinçantes encore les dissonances des partitions contemporaines de Tristan Murail, la délicatesse presque ornementale des danses – qu’on a qualifiées de baroques contemporaines – accuse l’incessante, quoique discrète, dissonance des corps. Se débarrassant ici de toute volonté de signification superflue, Dominique Bagouet fait du corps même le théâtre, un théâtre où se jouent les conflits multiples du désir et de l’absence, de la rigueur et de la liberté, du silence et du sens.
Par l’incroyable complexité et la radicale nouveauté de cette écriture, la pièce aura désarçonné non seulement son public, mais aussi ses danseurs, qui la voient aujourd’hui comme l’alphabet de la danse Bagouet. La captation (par moments endommagée) de cette première représentation témoigne du moment où ils se plient à cette discipline implacable. Moins impeccable peut-être que quelques années plus tard, leur interprétation n’en est que plus touchante.
Création le 1er juillet 1984 au Festival Montpellier Danse 1984 (Théâtre de Grammont à Montpellier) – Spectacle filmé le 2 juillet 1984 au Théâtre de Grammont à Montpellier. A voir sur Numéridanse
Dominique Bagouet
Élève de Rosella Hightower à Cannes dès 1965, Dominique Bagouet reçoit un enseignement classique et trouve son premier engagement chez Alfonso Cata au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 1969. L’année suivante, il danse dans la compagnie de Félix Blaska puis entre aux Ballets du XXe siècle de Béjart à Bruxelles. L’expérience dure deux ans. De retour à Paris en 1974, Dominique Bagouet prend des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss. Il part ensuite aux Etats-Unis où il découvre les techniques des écoles américaines.
En 1976, à son retour en France, il présente sa première chorégraphie : Chansons de nuit au Concours de Bagnolet. Il fonde alors sa propre compagnie. Jusqu’en 1979, il crée quatorze pièces. Avec Ribatz, Ribatz ! et Voyage organisé, le jeune chorégraphe commence à s’imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d’exister puisqu’il est invité à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Il créera d’ailleurs, en 1981, le Festival Montpellier Danse qu’il dirigera jusqu’en 1982.
Avec des pièces comme Déserts d’amour (1984), Le Crawl de Lucien (1985) ou Assaï (1986), Dominique Bagouet impose clairement sa personnalité et son style. Toutes ces pièces sont marquées par un style gestuel très recherché et subtil : jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse… sans aucun maniérisme et d’une redoutable précision. Il s’est entouré notamment de Christian Boltanski, Pascal Dusapin pour Le saut de l’ange (1987), Tristan Murail pour Déserts d’amour ou l’actrice Nelly Borgeaud pour Meublé sommairement (1989), adaptation chorégraphique d’un roman d’Emmanuel Bove. Il disparaît du sida en 1992.
Voir la Collection Bagouet sur Numeridanse
Tristan Murail
Tristan Murail est avec Gérard Grisey, l’un des principaux fondateurs et théoriciens de la musique spectrale. Tristan Murail est né le 11 mars 1947 au Havre et entre au Conservatoire de musique de Paris dans la classe d’Olivier Messiaen en 1967. Il y obtient un premier prix de composition en 1971. La même année, il reçoit le Prix de Rome et passe deux ans à la Villa Médicis, où il rencontre Giacinto Scelsi. En 1973, il fonde, avec Michaël Lévinas et Roger Tessier, le collectif de musiciens « L’Itinéraire », qui a pour but l’expérimentation et la recherche dans le domaine de la composition assistée par ordinateur. Après avoir participé à un stage d’informatique musicale à l’IRCAM en 1980, il commence à utiliser l’informatique pour approfondir sa connaissance des phénomènes acoustiques, et compose, en 1982, sa première œuvre superposant sons instrumentaux et sons de synthèse, « Désintégrations ». Il enseigne la composition à l’IRCAM de 1991 à 1997, puis à l’Université Columbia à New York de 1997 à 2010. Parmi les récompenses de Tristan Murail figurent le Prix de Rome (1971), le Grand Prix du disque (1990) et le Grand prix du Président de la République de l’Académie Charles Cros (1992).
La musique spectrale
Le terme de « musique spectrale » a été inventé par Hugues Dufourt en 1979. La musique spectrale est principalement basée sur la nature du timbre musical et la décomposition spectrale du son musical, à l’origine de la perception de ce timbre. En effet, un son peut être décrit selon trois grandeurs : sa durée exprimée en secondes (s), sa hauteur (la fréquence) exprimée en hertz (Hz) et son amplitude (niveau sonore) exprimée en décibels (dB). La musique spectrale travaille à partir de ces trois dimensions qui composent un son, et non à partir d’une composition harmonique et/ou mélodique.
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Déserts d’Amour a été recréé dans le cadre du Festival Montpellier Danse les 3 et 4 juillet à l’Opéra Comédie – Lire l’article
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